Le cancer de la prostate associé à l’exposition au chlordécone est une maladie professionnelle. Le projet de loi vise à faciliter la vie des victimes d’un pesticide couramment utilisé aux Antilles depuis des décennies.
Selon un arrêté publié au Journal officiel ce mercredi, les tumeurs de la prostate liées à une exposition au chlordécone, un pesticide couramment utilisé aux Antilles depuis des décennies, sont désormais reconnues comme une maladie professionnelle.
L’arrêté permet la création d’un « tableau des maladies professionnelles liées au cancer de la prostate induit par les pesticides », ainsi que la détermination de critères de traitement et d’une liste d’emplois susceptibles de générer cette pathologie en milieu agricole. Dans le détail, tout agriculteur ou personnel agricole pourra demander ce statut s’il répond à deux critères : il doit avoir travaillé au contact du chlordécone pendant au moins 10 ans, et il doit s’être écoulé moins de quarante ans entre sa dernière exposition et la diagnostic de cancer de la prostate. Le ministère de l’Agriculture a indiqué qu’il s’agit des “durées généralement reconnues pour cette forme de malignité”. Les personnes exposées depuis moins de 10 ans peuvent tout de même déposer une demande auprès d’une commission régionale.
“Le progrès […] est toujours un travail en cours”
Cette démarche, destinée à simplifier l’indemnisation des victimes, s’inscrit dans une série d’initiatives prises par le gouvernement antillais depuis des années sur ce dossier extrêmement délicat, qu’Emmanuel Macron a qualifié de “scandale environnemental”. Le gouvernement n’a pas fourni d’estimation du nombre de personnes pouvant être touchées par cette indemnisation. Il n’est pas non plus entré dans les détails de la somme globale.
L’édit a été considéré par les dirigeants élus des Antilles comme « un progrès […] encore inachevé ». “L’empoisonnement au chlordécone n’est pas seulement le problème des travailleurs de la banane, mais de toute la communauté”, a déclaré Harry Durimel, le maire environnemental de Pointe-à-Pitre. Le décret, selon Olivier Serva, membre de la majorité et chef de la délégation des Outre-mer à l’Assemblée nationale, est “insatisfaisant” au regard des critères requis pour obtenir une indemnisation, qui selon lui perpétuent “l’incertitude” sur les personnes éligibles. « Il existe diverses tumeurs malignes – cancers du sang, cancers du colon – qui ont été détectées chez un bon millier d’employés et de bénéficiaires agricoles », a déclaré Yvon Sérénus, responsable du collectif des ouvriers intoxiqués aux pesticides, qui demande leur reconnaissance comme « maladies professionnelles ».
Victoire et soulagement aux Antilles, où la mobilisation s’est poursuivie sans relâche. Selon un arrêté publié au Journal officiel ce mercredi, les tumeurs de la prostate liées à une exposition au chlordécone, un pesticide couramment utilisé aux Antilles depuis des décennies, sont désormais reconnues comme une maladie professionnelle. Dans un communiqué publié mercredi matin, le ministère de l’Agriculture a déclaré : “C’était un choix anticipé, notamment aux Antilles”.
Le chlordécone, pesticide interdit en France en 1990, a été autorisé à être utilisé dans les cultures bananières antillaises par dérogation ministérielle jusqu’en 1993, pénétrant dans les sols pendant des centaines d’années et contribuant à la toxicité et à la persistance de la région. Depuis les années 1960, les gens ont pris conscience de l’environnement. Selon Santé publique France, plus de 90 % de la population adulte de Guadeloupe et de Martinique est polluée par le chlordécone, et les populations antillaises ont l’un des taux de cancer de la prostate les plus élevés. Je suis né dans le monde.
La consécration d’Emmanuel Macron à un “scandale environnemental”
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L’arrêté, rendu public mercredi, permet la création d’un “tableau des maladies professionnelles liées aux cancers de la prostate induits par les pesticides”, ainsi que la détermination de critères de traitement et d’une liste des emplois agricoles susceptibles de générer cette pathologie. . Selon le texte, « pesticides » désigne « les produits agricoles et les produits destinés à l’entretien des espaces verts (produits phytosanitaires ou produits phytopharmaceutiques), ainsi que les biocides et les antiparasitaires vétérinaires, qu’ils soient ou non autorisés au moment de la demande ».