On revient de Racine à Euripide pour comprendre qu’au-delà de l’intrigue érotique, ce qui est en jeu chez le poète grec, c’est une notion de rapport à l’autre, et de la position première qui lui revient après que la perspective de son soi a écarté domination… Malgré la dévastation de la ville et la mort de ses défenseurs, c’est l’emplacement de Troie au cœur de la Grèce ! Alors, comme d’habitude, suivons la conversation offerte par ces propos entre nos interprètes, le philosophe (ph), le poète (po) et le médecin (md).
Oreste, Oreste, Oreste, Oreste, Oreste, Oreste, Oreste Pourquoi suis-je venu vers vous aujourd’hui avec tant de désir de mieux comprendre ce personnage ? Je crains que vous n’ayez à supporter mes attaques sur ce sujet spécifique. Ou que vous ne croyez pas que j’aie une affection cachée pour ce héros grec, que je méprise la description que fait Racine de lui. Remarquez comment ce poète français le dépeint dans le dernier vers de son Andromaque. Le personnage vient d’assassiner Pyrrhus, fils d’Achille et rival amoureux : “Pourquoi te vois-je, Pyrrhus ? / Vais-je trouver un rival là où je méprise ?” Comment avez-vous réussi à vous sauver après avoir été transpercé par tant de coups ? Tiens, tiens, voici le dernier coup que j’ai gardé pour toi. Cependant, que vois-je ? Est-ce qu’Hermione l’embrasse devant mes yeux ? Est-elle venue l’arracher au coup qu’il va recevoir ? Quels regards horribles il me lance ! / Que diable, quels serpents traînent derrière elle ? Vos mains sont-elles prêtes, les filles de l’enfer ? A quoi bon ces serpents qui sifflent au-dessus ? Qui essayez-vous d’impressionner avec l’appareil qui vous suit ? Viens-tu m’entraîner dans le vide de l’éternité ? Venez, Oreste, Oreste, Oreste, Oreste, Oreste, Oreste, Oreste, Oreste, Oreste, Oreste, Oreste, Oreste, Oreste, Oreste, Oreste, Oreste, Oreste, Oreste, Oreste, Oreste, Oreste, Oreste, Oreste, Oreste, Oreste, Oreste, Oreste , Oreste, Oreste, Oreste “Laisse Hermione le faire. / L’ingrat me déchirera mieux que toi, / Et enfin je lui offre mon coeur pour le consommer”
Md : C’est un paragraphe qu’il faut expliquer, surtout si, contrairement à vous, nous n’avons pas lu le précédent.
Ph : Jean Racine a adapté le récit d’Euripide et y a apporté des modifications importantes. Mais, au sujet du meurtre de Pyrrhus par Oreste, je pense qu’il est resté fidèle à l’original.
Po : En effet, Andromaque d’Euripide mentionne qu’Oreste a assassiné Pyrrhus. Cependant, le sens de l’épisode varie beaucoup d’un à l’autre… En fait, Racine tire plus d’Eschyle que d’Euripide dans cette dernière strophe. Oreste est déjà devenu fou quand il voit Pirro apparaître devant lui après l’avoir « transpercé de tant de coups ». Vous avez des hallucinations. Dans “Eternal Night”, lorsqu’il demande aux “Hell Girls” si elles viennent le kidnapper, il exprime vraiment l’état dans lequel il se trouve à l’époque. Il a perdu la raison et vit dans un monde d’images. Il exprime ses doutes à la suite de la “nuit sans fin” au cours de laquelle il a été kidnappé. Cependant, toute cette scène, avec les filles de l’enfer et les serpents qui leur servent de cheveux, est une référence aux Choéphores d’Eschyle. Dans cette littérature est la scène de l’avancée des Erinyes vers Oreste après avoir tué Clytemnestre, leur mère. Et c’est exactement le moment où Oreste succombe à la folie… Du coup, Racine fait un rapprochement entre le meurtre de Clytemnestre et celui de Pyrrhus : tous deux aboutissent à un crépuscule sans fin. Pourquoi est-il possible que le deuxième meurtre ait le même triste impact que le premier ? Oreste pense qu’en assassinant Pyrrhus, il peut accéder au cœur d’Hermione. Il le croit, puisque l’acte de meurtre a été commis à la demande de ce dernier. Cependant, en raison d’une règle d’inconstance féminine que Racine amène à sa conclusion logique, le meurtre le rend détestable aux yeux de son amant. Il a assassiné un gars qui ne lui avait fait aucun mal.
Si cette scène correspond à la conclusion de la pièce, on pourrait en déduire que Racine, contrairement à Eschyle, ne croit pas qu’Oreste sera guéri de sa folie.
Po : Racine ne l’exclut pas, mais cela reste une option simple si l’on se fie à la phrase finale de l’ouvrage, qui vient de l’ami de Pylade, qui dit : « Préservons-le ! A vrai dire, le drame se termine bien dans la nuit interminable d’Oreste. Et pourquoi est-ce que? Car, esclave d’un amour non partagé, il succombe aux caprices de celle qu’il aime : quand Hermione s’irrite de la préférence de Pyrrhus pour Andromaque par rapport à lui, elle se laisse éduquer. Lorsqu’il reprend confiance en son conjoint après le projet ou l’enlèvement d’une dame, ou le meurtre de son mari, il continue de tergiverser et d’échapper à la douloureuse preuve qu’il n’est pas aimé.
Ph : Comment les choses sont-elles montrées dans le récit d’Euripide de la même scène de crime ?
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Une Affaire De Détails Explication Fin
Vous devez vous souvenir de certaines informations historiques avant de répondre à cette question. Pour revenir à Andromaque, l’héroïne qui prête son nom au En deux morceaux, le grec et le français, Andromaque était l’épouse d’Hector, le guerrier troyen qui était le fils du roi Priam. Elle vivait dans un palais royal et était traitée comme une reine ou une future reine. Lorsque les Grecs conquièrent Troie, il y a un énorme bain de sang dans lequel Achille tue l’indestructible Hector et Pyrrhus tue le roi Priam. Cet élément symbolique est à noter : Troie est décapitée en la personne du roi Priam et de son fils Hector par Achille et son fils Pyrrhus. Après avoir vu son fils unique, Astyanax, poussé du haut des remparts de la ville, Andromaque devient prisonnier. Pyrrhus sera responsable du résultat, il sera donc considéré comme faisant partie de son butin de guerre personnel. Il s’agit notamment de la composante la plus noble du royaume de Troie qui a survécu. De plus, elle ne sera pas rejetée à l’avenir car, malgré toutes les bénédictions qu’elle recevra, elle restera dévouée aux souvenirs de son passé et à son époux troyen. Le drame de l’histoire, qui ajoute au mystère, est que la présence d’Andromaque dans la maison de Pirro conduit Hermione à perdre son devoir d’épouse. Et que vous ne pourrez pas gérer cette circonstance. Andromaque avait déjà donné un fils à Pyrrhus, malgré son incapacité à le faire. Et il accuse Andromaque d’avoir utilisé la magie pour l’en empêcher. Il faudrait aussi inclure Hermione, qui est la fille de Ménélas et d’Hélène. Cependant, tous ceux qui comprennent un peu l’Iliade savent que cette paire a été déterminante au début de la guerre. Puisque tout commence lorsque Ménélas, roi de Sparte, reçoit dans sa demeure le grand Paris, et lui, enchanté par la beauté d’Hélène, s’empare de lui et l’emmène dans sa ville natale, qui n’est autre que Troie, bien sûr. Cet enlèvement, que beaucoup de Grecs croient n’avoir été qu’à moitié forcé puisqu’Helena semble avoir succombé aux charmes de son ravisseur, marque le début des événements tragiques. Précisons cependant que Paris n’est pas n’importe quel cheval de Troie : c’est le deuxième fils de Priam. Pâris, le frère d’Héctor, est aussi courageux et dangereux au combat que dans la vie. C’est traître pour lui de s’emparer de la femme de son hôte et d’en faire sa femme, et c’est aussi traître que, bien plus tard, il décoche une flèche mortelle qui frappera Achille par derrière… Toutes ces informations sont significatives. Revenons à Hermione, et à sa stérilité : elle est donc la fille de ce couple qui a déclenché la guerre de Troie et partage avec Andromaque, la famille royale survivante de Troie, le même toit, celui de Pyrrhus.