Enfant Outreau. De nombreuses accusations d’abus sexuels sur des enfants ont été portées lors du procès d’Outreau en 2004, qui s’est tenu dans le nord de la France. Le principal témoin à charge, condamné pour les abus, a menti sur l’implication d’autres suspects, qui étaient, en fait, innocents.
Apprenez-en plus sur : https://www.theguardian.com/world/2006/jan/19/france.jonhenley
Plusieurs suspects innocents avaient passé des années en prison en détention provisoire et un est mort en prison. Les citoyens et les journalistes français ont été indignés par les procès et se sont demandé comment des innocents avaient pu être emprisonnés pendant des années sur des soupçons sans fondement, entraînant un tollé national. Après que le président Jacques Chirac ait qualifié l’affaire de “catastrophe judiciaire” en janvier 2006, le parlement français a ouvert une enquête.
L’« affaire Outreau », impliquant un réseau criminel présumé à Outreau, commune ouvrière voisine de Boulogne-sur-Mer dans le Pas-de-Calais, a débuté en novembre 2001. Le premier procès a eu lieu à Saint-Omer en 2004, et l’appel a eu lieu à Paris en 2005. Dix-sept personnes ont été inculpées. La majorité des personnes accusées d’abus sexuels sur des enfants et d’inceste étaient des parents, et leurs enfants leur ont été enlevés pendant une grande partie de cette période.
Certains instructeurs et travailleurs sociaux ont détecté une “activité sexuelle étrange” parmi quatre élèves d’une école voisine, ce qui a déclenché l’enquête. Aucune preuve d’abus sexuel n’a été découverte par les médecins, malgré la conviction des psychologues que les jeunes étaient des témoins fiables. Les témoignages d’enfants et les admissions ultérieures ont aidé à condamner leurs parents pour pédophilie. De un à trois ans ont été passés en détention pour l’accusé.
Sept accusés ont nié avoir participé au premier procès (tenu en 2004) et ont été déclarés non coupables, tandis que quatre des dix-huit ont plaidé coupables. À Paris, une cour d’appel a entendu les appels de six autres accusés, qui ont tous rejeté les allégations mais ont été reconnus coupables et condamnés à de légères peines d’emprisonnement. Six accusés ont été blanchis de toutes les charges le premier jour du procès. En attendant son procès, un autre détenu est décédé en détention.
Comment s’est passé son deuxième procès ?
Il y avait trois juges professionnels et douze jurés à la cour d’assise de Paris, qui sert de cour d’appel pour les faits et le droit.
Pour commencer, les accusations du parquet ont été invalidées en raison d’une déclaration d’un témoin clé, Myriam Badaoui, qui a affirmé que les six coupables “n’avaient rien fait” et avaient menti sur son témoignage. Même son ex-mari, Thierry Delay, était d’accord avec ce qu’elle a dit. Les témoins du procès ont mis en doute l’intégrité des preuves psychologiques, qui semblaient être inclinées dans un sens ou dans l’autre. Les démentis de deux mineurs, qui ont avoué avoir menti auparavant, ont également contribué à faire échouer les accusations du parquet. La psychologue qui a déclaré à la télévision “Je suis payée comme une femme de ménage, donc j’apporte l’expertise d’une femme de ménage” a suscité encore plus d’indignation dans le grand public. Il a été demandé par l’avocat général (procureur) que tous les accusés soient déclarés non coupables. Dans l’intérêt de François Mourmand, mort en détention provisoire, la défense a préféré observer une minute de silence au lieu de faire une déclaration de défense. Le procureur général Yves Bot de Paris est arrivé au procès le dernier jour sans prévenir la présidente de la Cour d’assises, Mme Mondineu-Hederer ; là-bas, Bot a présenté ses excuses aux accusés au nom du système judiciaire; il l’a fait avant que le verdict ne soit rendu, tenant pour acquis une décision “non coupable”, pour laquelle certains magistrats l’ont critiqué par la suite.
Le 1er décembre 2005, les six suspects ont été acquittés, mettant fin à cinq ans de procédure que les médias français ont qualifié de « Tchernobyl judiciaire ».
Comment est-il mort et quelle en est la cause ?
Thierry Dausque, Franck et Sandrine Lavier, Daniel Legrand et Dominique Wiel font partie des dix individus condamnés en juillet 2004 pour les sévices sur 18 enfants entre 1995 et 2000.
Ils ont toujours soutenu qu’ils avaient été accusés à tort. Après avoir entendu la décision, plusieurs d’entre eux se sont effondrés et ont commencé à pleurer. Selon un rapport, Thierry Delay (à gauche) et Myriam (à droite) ont agressé leurs enfants. Deux couples ont avoué avoir violé les enfants au moment de leur condamnation.
Une disculpation de 13 condamnés supplémentaires par Myriam Delay a plongé le procès dans le chaos l’année dernière, mais elle a ensuite fait marche arrière.
Sept suspects ont été acquittés à ce moment-là.
La vie des gens a été ruinée à cause du procès. Chacun des suspects a passé des années en isolement cellulaire, incapable de rendre visite à ses enfants. L’un des détenus s’est suicidé.
Un témoin expert a été discrédité parce que son témoignage a été découvert comme étant en contradiction avec le témoignage de jeunes.
Six personnes ont vu leurs appels rejetés.
Fin décembre 2000, les services sociaux ont appelé l’attention des procureurs sur l’affaire Outreau, qui comprenait des allégations d’abus sexuels sur les quatre enfants de Myriam et Thierry Delay.
Après avoir été placés en famille d’accueil en peu de temps, les jeunes ont commencé à raconter aux enquêteurs des histoires d’agressions sexuelles et de pressions pour qu’ils se livrent à des activités sexuelles.
Pas plus tard qu’en 2001, d’autres membres d’un réseau présumé faisaient l’objet d’une enquête.
Plus de 60 personnes de la ville d’Anger, dans l’ouest de la France, ont été reconnues coupables d’infractions sexuelles sur des enfants plus tôt cette année.
Contrairement à l’affaire Outreau, cela a été considéré comme un triomphe pour l’ordre public français.
Le juge injustement emprisonné en France face à un panel de disciplinaires ?
Une procédure judiciaire s’est tenue lundi en France en lien avec la mauvaise gestion de 13 suspects pédophiles, un scandale devenu une préoccupation pour le président Nicolas Sarkozy.
Le mois dernier, Sarkozy a déclaré qu’il supprimerait le poste de Fabrice Burgaud en tant que juge d’instruction lors de l’enquête sur la maltraitance des enfants en 1999-2002, et qu’il surveillerait attentivement le processus disciplinaire contre l’homme de 37 ans.
Les allégations selon lesquelles des enfants d’Outreau, au Québec, étaient agressés par un groupe de voisins ont conduit à l’incarcération de Burgaud. Il y avait beaucoup d’exagération dans les affirmations. Cependant, 13 autres ont été disculpés après avoir purgé jusqu’à 39 mois de prison, tandis que quatre ont été reconnus coupables. Pour Sarkozy, le bilan de Burgaud en tant que juge d’instruction est une raison convaincante en faveur de sa décision de supprimer cette fonction. Les responsables du système judiciaire pensent que la suppression des juges d’instruction permettra aux politiciens de dissimuler plus facilement leur corruption. Ses partisans prétendent qu’il est un bouc émissaire et que l’action disciplinaire à son encontre vise à soutenir la refonte impopulaire de Sarkozy. “Il s’agit ici de mettre en œuvre un agenda politique plutôt que de porter un jugement sur un juge en particulier. Il y a bien plus d’enjeux dans ce jeu que les intérêts personnels de M. Burgaud”, selon Jean-Yves Montfort, qui assiste Burgaud dans sa défense. Les magistrats constituent le comité disciplinaire, qui a le pouvoir d’exclure complètement Burgaud de travailler dans le système judiciaire si nécessaire. Sous le système juridique de Napoléon, les juges sont tenus d’examiner toutes les preuves et de déterminer si elles renforcent ou affaiblissent le dossier contre les accusés. De nombreux suspects d’Outreau ont été injustement accusés, et Burgaud est accusé d’avoir supprimé des preuves indiquant que cela était vrai. La réforme proposée par Sarkozy confierait aux procureurs d’État la responsabilité de constituer le dossier contre les suspects, tandis que les avocats de la défense s’occuperaient du dossier pour la défense. Les détracteurs du régime soutiennent qu’il affaiblit l’indépendance judiciaire puisque les procureurs relèvent du ministère de la Justice plutôt que des juges qui sont libres d’agir en toute indépendance. Les critiques affirment que le gouvernement pourrait utiliser les procureurs pour interrompre ou fausser les enquêtes qui ne leur conviennent pas.