Le commerce électronique a connu une croissance importante en Tunisie, qui assiste le Covid, mais une réglementation obsolète limite la véritable explosion de ce secteur.
Au lendemain de la crise sanitaire, l’utilisation généralisée de la technologie numérique et son acceptation généralisée par tous offrent des opportunités croissantes aux entreprises privées dans le secteur du commerce électronique en Tunisie. Selon les indicateurs de la plateforme de paiement électronique de la société Monétique-Tunisie ( clictopay ), ainsi que de la poste tunisienne ( e-dinar ), cette croissance affectera le nombre de sites marchands (+ 17 % en un an), le volume des transactions (+ 67 %) et la valeur des transactions (+ 28 % à 347 millions de dinars en 2020, soit environ 104 millions d’euros).
Selon l’Institut national de la consommation (INC) et la Chambre syndicale de commerce électronique et de vente à distance (Sevad), 74% d’un échantillon de 1 000 personnes ont déjà effectué des transactions en ligne via des sites tunisiens, 31% via les réseaux sociaux et 44 pour cent via des sites étrangers. Plusieurs études mettent cependant en garde contre l’émergence d’un marché parallèle à travers des sites de vente non enregistrés ou des pages de réseaux sociaux.
Restrictions de paiement
Cette évolution, cependant, se produit malgré un environnement institutionnel et juridique vétuste qui doit être mis à jour de toute urgence afin de donner au commerce électronique en Tunisie l’impulsion nécessaire.
Toutes les opérations ou obligations découlant d’un transfert en devises sont soumises à l’autorisation préalable de la Banque Centrale de Tunisie (BCT) en vertu du Code des changes de 1976 toujours en vigueur et de ses textes d’application. Les Tunisiens ne peuvent pas commercer sur les sites de commerce électronique internationaux tels que eBay, Amazon ou AliExpress en raison des restrictions sur les paiements internationaux imposées par les règles tunisiennes en matière de devises étrangères et de la non-convertibilité du dinar.
LA MAJORITÉ DES MAGASINS EN LIGNE ACCEPTE UNIQUEMENT LES PAIEMENTS EN ESPÈCES À LA LIVRAISON.
Il convient toutefois de souligner qu’il existe certaines exceptions. Elles touchent les citoyens et les non-résidents titulaires d’un compte en dinars convertibles depuis 1992, et plus récemment, les titulaires d’une « International Technology Card » délivrée par le gouvernement tunisien et rendue accessible via les circulaires de la BCT. de la “Loi Start-up” d’avril 2018
Selon les données de l’INC et du Sevad, la plupart des sites de vente en ligne proposent désormais exclusivement du paiement à la livraison, ce qui représente environ 70 % de la valeur totale des transactions. Cliptopay et e-dinar sont deux exemples de services à promouvoir dans ce domaine. Cependant, l’expansion du paiement électronique en Tunisie est aidée non seulement par le résultat des pourparlers de PayPal avec la BCT, qui ont commencé en 2016, mais aussi par la diversité des modes de paiement. Cependant, contrairement à certains de leurs voisins, ces pourparlers n’en sont encore qu’à leurs débuts.
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Blocages le long des frontières internationales
En Tunisie, la pratique du commerce est réglementée par un ancien décret-loi d’août 1961 qui interdit aux étrangers de s’y livrer.
Le commerce transfrontalier n’est pas reconnu par la législation d’août 2000 sur le commerce et le commerce sur Internet et ses lois d’application. Les entreprises souhaitant exercer ce type d’activité en Tunisie doivent être de nationalité tunisienne, avoir un siège en Tunisie et n’exercer aucune autre activité professionnelle. Il stipule également qu’une autorisation préalable de l’Agence nationale de certification électronique (Tuntrust) est requise avant de s’engager dans des activités de prestataire de services de certification électronique. Ce type de service est disponible pour les sites de commerce Internet étrangers. De ce fait, toute activité en Tunisie doit passer par un relais local.
CETTE RÉVOLUTION NE DOIT PAS ÊTRE MANQUÉE À L’ÉCONOMIE TUNISIENNE.
L’apathie du gouvernement dans ce domaine découle en partie du déséquilibre inquiétant du commerce international et de la diminution inquiétante des réserves de devises. Cependant, elle risque d’entraîner une perte de revenus substantielle pour l’Etat tunisien, ainsi qu’une baisse de la compétitivité et du niveau de compétence de l’économie nationale, dans un pays qui – paradoxalement ! – compte un nombre d’ingénieurs supérieur à la moyenne africaine. La Tunisie doit donc saisir la chance des changements juridiques et numériques nécessaires à la modernisation. L’économie tunisienne ne peut pas se permettre de perdre cette révolution.